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Lauréat d’une Mention Honorable, le film PASSAGES a été sélectionné parmi les 3 meilleurs films expérimentaux en compétition au Athens International Monthly Art Film Festival (AIMAFF) de décembre 2023.

Le film PASSAGES a été repéré et sollicité par le Serbest International Film Festival (SIFF) pour participer au processus de sélection du festival. Le film a reçu le statut de semi-finaliste. En raison de la guerre en Ukraine, l’édition 2023 du SIFF se déroulera en ligne du 5 au 10 septembre sur la plateforme de streaming https://serbestdistribution.com

Une image emblématique du film PASSAGES qui résonne avec l’actualité : Lors du passage à l’an 2000, la Tour Eiffel s’illumine en France, tandis qu’en Russie, s’opère la passation de pouvoir entre Boris Eltsine et Vladimir Poutine.

PASSAGES (PASOS) forma parte de la selección 2022 de Kwalhia “A Sirius Trans/Missions”, que se muestra como parte del festival Experimental Films Online. Ver la página dedicada a la película aquí

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PASSAGES fait partie de la sélection 2022 de Kwalhia “A Sirius Trans/Missions”, diffusée dans le cadre du festival Experimental Films Online. Voir la page réservée au film ici

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Œuvre au long cours, “Regards-Temps” est une série de trois vidéos, réalisées entre 1996 et 2020, à travers lesquelles j’ai cherché à rendre compte de différentes attitudes contemplatives liées aux sentiments de la perte, de la séparation et de la déréliction. Ces trois études poétiques et méditatives ont en commun de considérer le regard, d’une part comme élément fondamental de la séparation des êtres vivants d’avec le monde et comme expression d’une volonté impuissante de résistance au passage du temps, d’autre part comme instrument privilégié de jouissance esthétique et de contact intime avec le monde et la vie, par la perception consciente de sa lumière et de son mouvement…

Partie 1 – Eclipse (1996 – 3m 41s) : Une éclipse peut en cacher une autre. L’œil devenu aveugle recompose un regard errant et fugitif à partir de ses souvenirs. Avec la densité et le mystère d’un rêve, les images s’imbriquent et résonnent en une tragique unité.

Partie 2 – Dans la Forêt (1998/2002 – 8m 05s) : Une aspiration lente, presque imperceptible mais irrésistible, vers le néant, véritable toile de fond de l’image électronique et de l’Être. Une méditation minimaliste et ouverte sur la nature du regard contemplatif.

Partie 3 – Passages (1999/2020 – 51m 12s) : Traversée transfigurée des mémoires traumatiques liées à l’approche et à l’entrée de l’humanité dans le troisième millénaire. Hors du temps et de leur contexte, les images chargées de la violence du monde se font échos et s’entremêlent en un ballet suspendu et sidérant. Une expérience de la tyrannie du spectacle médiatique, dominé par les angoisses d’effondrement de civilisation.

Elileon ne représente qu’une partie de moi même, une branche de cet homme qui vit parmi les siens, une branche rattachée à lui mais qui ne trouve pas aisément sa place dans la vie sociale et publique en raison de sa forme intrépide et audacieuse, parfois confuse ou étrange… Une branche dont l’expression risque de déranger cette part de l’être l’humain qui se tourne naturellement vers l’ordre et la stabilité, une branche qu’il est souvent préférable de tenir à l’écart du regard des autres comme du sien si l’on souhaite pouvoir continuer à vivre pleinement avec les siens. Cette branche que je représente aime se confronter avec les profondeurs de l’esprit humain, avec la réalité invisible des émotions et de l’intimité de l’être, elle aime partir à la rencontre de la réalité et de la vérité en s’aventurant au delà des limites admises par le rationalisme et le matérialisme dominants aujourd’hui.

Mon identité prend racine dans la seconde moitié des années 90, avec la fin de l’adolescence et mes premières réflexions philosophiques sur le monde… En vrac : la matière, la vie, l’être humain, l’amour, les émotions, la société, l’histoire, l’esthétique, l’esprit, la pensée, les religions, la politique… C’est la lecture d’une bande dessinée qui se trouve à la croisée de mon émergence : L’INCAL, une série d’albums écrite par Alejandro Jodorowsky et mise en image par Moebius. C’est l’histoire du pseudonyme Moebius qui inspira l’idée de ma création.

Je n’arrive au monde réel, avec cet acte de naissance, que plus de 10 ans plus tard mais je porte ce nom depuis ma reconnaissance officielle en novembre 1999 et la création d’un compte de courrier électronique qui m’était destiné et qui resta à peu près inactif durant ces 9 dernières années. C’était une période très particulière où le spectacle médiatique apocalyptique s’intensifiait à mesure qu’on se rapprochait du mythique « AN 2000 »… La guerre du Kosovo venait d’éclater aux portes de l’Europe. Une seconde guerre en Irak se préparait. L’éclipse totale de soleil du 11 août avait fait grande impression. L’Organisation Mondiale du Commerce cherchait activement à resserrer l’emprise des grandes multinationales sur le monde en annonçant la tenue en grande pompe d’un sommet extraordinaire aux accents millénaristes, le Millenium Round. Une opposition citoyenne et alter mondialiste avait alors fait entendre sa voix avec force à Seattle, rendant palpable aux yeux de tous les tensions et les enjeux de cette mondialisation capitaliste à marche forcée. Par ailleurs, le monde entier se préparait avec inquiétude au « Bug de l’an 2000 », tandis que les rumeurs les plus folles circulaient à ce sujet. Certains « détraqués » voyaient en tout cela l’action convergente d’un gigantesque complot diabolique mené par d’obscures et antiques élites d’origine extraterrestre, les Illuminati. Les gardiens de l’ordre moral dominant, quand à eux, voyaient déjà s’annoncer le combat final de l’apocalypse et la promesse d’un Nouvel Ordre Mondial qui serait enfin capable, « avec l’aide de Dieu » et guidé par « la main invisible du marché », de garantir la paix et la prospérité pour l’humanité entière. Beaucoup, en tous cas, se préparaient à voir le monde basculer du jour au lendemain dans la violence et le chaos… je dois bien avouer que cette pensée terrifiante me traversa également l’esprit.

Je pense être né de ce sentiment que tout peut s’effondrer du jour au lendemain, ainsi que de la prise de conscience, dans un second temps, du caractère chimérique, aliénant et dangereux de tous ces messages d’apocalypse qui n’avaient souvent rien d’autre à donner pour accompagner les informations (vraies ou fausses) qu’ils distillaient dans les esprits, qu’une profonde peur du monde et de la vie. Le combat pour notre liberté et notre vie commence dans nos esprits… Il s’agit de ne pas nous égarer en de vaines spéculations intellectuelles ou gesticulations émotionnelles. Il s’agit de rester vivant parmi les vivants, de nous battre auprès de ceux qu’on aime, de défendre notre droit à exister en protégeant par nos paroles et de nos corps si nécessaire tout ce qui nous relie à la vie, à l’amour et à la joie.